L'auteur de "Bien trop petit", Manu Causse, redoute un "retour à l'ordre moral" suite à l'interdiction par Gérald Darmanin.

L'écrivain Manu Causse réagit suite à l'interdiction de vente de son livre « Bien trop petit » et dénonce un acte liberticide du ministère de l'Intérieur

Dans une interview accordée au journal Le Parisien, ce vendredi 21 juillet, Manu Causse, l'auteur du livre pour adolescents « Bien trop petit », s'est exprimé sans détour après que le ministère de l'Intérieur ait décidé d'interdire la vente de son roman aux mineurs.

Le 23 juillet dernier, un arrêté signé par Gérald Darmanin et publié au Journal officiel a en effet prohibé la commercialisation de son livre, évoquant des scènes de sexe « très explicites » qualifiées de « caractère pornographique », ce qui le rendrait potentiellement dangereux pour les mineurs qui pourraient l'acquérir ou le consulter.

L'auteur, âgé de 51 ans, explique qu'il avait été préalablement averti de la polémique autour de quelques pages de son roman. Avec son éditeur, il a présenté un argumentaire basé sur une démarche littéraire sincère, en expliquant que ces scènes ne sont que le fruit d'un « délire d'adolescent », loin de la pornographie.

La décision du ministère de l'Intérieur d'interdire son livre aux mineurs a plongé Manu Causse dans l'incompréhension et suscite ses craintes quant à un « retour à l'ordre moral ». Il exprime son regret que Gérald Darmanin ait pris pour cible un éditeur indépendant, alors que d'autres œuvres plus mainstream, comme le manga, véhiculent selon lui une vision masculiniste de la sexualité.

La maison d'édition Thierry Magnier, qui a publié le roman, a également exprimé sa surprise face à cette décision. Elle souligne que le livre a été adressé à un lectorat averti de plus de 15 ans en mentionnant explicitement sur la 4e de couverture que des scènes explicites y sont présentes.

La maison d'édition insiste sur l'importance de l'éducation sexuelle des jeunes, face à la consommation croissante d'images pornographiques violentes et sexistes chez les adolescents, et estime qu'il est primordial de proposer des œuvres littéraires qui traitent de ces sujets avec soin et conviction.

Malgré cette interdiction, Manu Causse relativise en rappelant que des auteurs tels que Vian, Brassens et Flaubert ont également été accusés de pornographie par le passé, ce qui, selon lui, pourrait être presque glorifiant.

L'auteur a néanmoins reçu un soutien de poids dans le milieu littéraire, notamment de la part de Nicolas Mathieu, lauréat du prix Goncourt 2018 pour « Leurs enfants après eux ». Ce dernier, sur son compte Instagram, a dénoncé l'interdiction comme un acte liberticide et une atteinte au droit à la création.

L'affaire suscite de nombreuses réactions, laissant planer des interrogations quant à la liberté d'expression et la censure dans le monde de la littérature.